Droits de réponse – Miz Pauline et Cysséepho

Dans notre communiqué officiel en réaction à l’article de Libération, nous nous étions engagé.e.s à relayer la parole de nos collègues vulgarisatrices citées en fin d’article.
Avec un peu de retard, voici leurs textes, également accessibles en PDF.

>>Reponse_Cysseepho

Réponse à Libé

Il y a un peu plus d’un mois, j’ai passé 3 jours au festival international du journalisme. Un des sujets de cette édition 2021 était les relations entre journalistes scientifiques et scientifiques. Entre journalistes scientifiques et scientifiques. Pas entre sceptiques et scientifiques. Le boulot des chercheur.euse.s, c’est de créer de la connaissance. Le boulot des journalistes scientifiques, c’est de tenir les citoyen.e.s informé.e.s des dernières trouvailles des scientifiques. Et le boulot des sceptiques c’est ? Eh bien on n’a pas de contrat.

Les méthodes et les outils de l’esprit critique ne servent pas un but final, enfin quand on n’est pas un sceptique raciste, sexiste ou autre. Thèses auxquelles n’adhèrent pas une grande majorité de mes collègues et moi, contrairement à ce que laisse entendre l’article. Le Cercle Cobalt est totalement ignoré afin de ne lui donner aucune visibilité. Ce qu’on fait, c’est vulgariser et expliquer les méthodes et les outils, et/ou vulgariser les sciences, et/ou d’inviter des gens qui pourront en parler mieux que nous. Parfois on se plante, un peu, ou beaucoup, parfois on est applaudi pour notre taff. Mais en aucun cas on ne soutient l’ED. Être associée à ces gens m’a mise très mal à l’aise d’où, en partie, ma demande à Libé de retirer mon nom de l’article. Les sceptiques, des réac’ ? En toute bonne gauchiste anarchiste, je peux vous dire que s’il y avait une majorité de droite/ED pour une minorité de gauche, j’aurais vite pris mes jambes à mon cou plutôt que de rejoindre le mouv et créer ma chaine.

Aussi, je trouve scandaleux que soit indiqué le (prétendu) salaire de Mendax. C’est un manque considérable de sens moral, et comme si ça n’était pas déjà assez, le chiffre annoncé est complètement faux. Je vous invite fortement à lire le communiqué de l’Astec à ce sujet.

Pour finir, comme l’a très bien dit Miz Pauline, je cite : “je ne suis pas une « nouvelle voix » s’élevant contre mes prédécesseur·e·s », mon but à moi, ce n’est pas de critiquer ce qui a été fait, mon but c’est de transmettre des outils, des méthodes, de sensibiliser sur certains sujets, d’attiser un peu de curiosité sur d’autres, avec mon point de vue et mes connaissances à moi, qui certes parfois divergent de ceux de mes collègues.  S’il est vrai que j’ai souvent regretté un manque de dialogue/collaboration entre les dernier.e.s arrivé.e.s et ceux qui sont aujourd’hui des institutions, j’ai eu récemment l’agréable surprise de voir du changement dans l’air. Bien évidemment qu’il y a des désaccords, c’est normal, c’est même nécessaire. Je ne fais pas non plus partie du groupe SFZ, pour des raisons que je n’expliquerai pas ici car ce n’est pas le sujet, mais je ne partage en grande partie pas les valeurs du groupe et des membres fondatrices. Quoi que voient/croient le public et les gens à Libé, le mouvement sceptique est loin d’être un mouvement de fachos réac’ puritains rempli de prétentieux qui s’en mettent plein les poches. Qu’il s’agisse d’une erreur ou d’une volonté de nuire, cet article est loin de donner une image de qui nous sommes vraiment. Je demande donc à nouveau que mon nom soit retiré.

Sur ce, comme d’habitude : prenez soin de vous, soyez sceptiques.
@cysseepho


>>Reponse_MizPauline

En général, lorsque quelqu’un vous annonce que votre nom est cité dans un article paru dans un journal national, une certaine fierté vous envahi. Quelle n’est pas ma tristesse que la première fois que mon nom est cité ce soit dans un article aussi honteux que celui paru dans Libération en ce 30 août 2021…

Dans cet article intitulé « Rationalisme. Zététique : esprit critique, es-tu là ? », la journaliste Elisa Thévenet présente le mouvement sceptique comme un « business » où certains feraient carrière. Cette affirmation empreinte de moquerie à l’égard des créateurs et créatrices de contenus internet est courante dans les médias traditionnels, on se souviendra bien sûr en particulier de cette émission où Thierry Ardisson et ses collègues ont pris un malin plaisir à railler le vidéaste Squeezie… Mais le plus grave dans cette affirmation méprisante, c’est qu’elle est fausse.

Les créateur·ice·s qui oeuvrent dans le domaine gagnent très rarement leur vie de leur travail de vulgarisation scientifique et les revenus liés à la monétisation des vidéos, la publication de livres ou encore les dons des abonné·e·s sont le plus souvent réinvestis pour produire du contenu. Quant aux quelques chanceux·ses comme Thomas C. Durand qui peuvent vivre de leur travail sur internet : tant mieux pour elleux !

Cependant, si ce premier point accusant les sceptiques de faire un business de l’esprit critique m’a hérissé, le reste de l’article me semble beaucoup plus dramatique.

Dans cet article, le milieu sceptique est présenté comme bercé d’idées « ultra-libérales » et « aveugles à la question de l’organisation sociale ». Ainsi, il est dressé un portrait réactionnaire, sexiste et même raciste des sceptiques et zététicien·ne·s dans leur ensemble… mais le plus grave, c’est que Elisa Thévenet se permet de faire un amalgame que je ne pourrais décrire que d’ « ignoble » entre le mouvement sceptique et le groupuscule d’extrême droite appelé Cercle Cobalt.

Ce petit groupe de personnes instrumentalisant le scepticisme pour alimenter des croyances racistes et sexistes avait été depuis sa création exclu à l’unanimité par les créateur·ice·s sceptiques. En les citant dans cet article, non seulement la journaliste fait un amalgame inacceptable, mais de plus elle offre à ces militant·e·s extrémistes une audience considérable que les sceptiques leur ont toujours refusée.

Enfin, les sceptiques sont divers·e·s et leurs approches encore plus. Certain·e·s parlent de complotisme, d’autres de fakeMed et d’autres encore d’idées reçues sur le genre, le féminisme ou encore l’économie. Cette diversité est une richesse qu’il faut cultiver, car le scepticisme c’est avant tout une méthode qui peut être utilisé sous plein d’angles différents.

Cette méthode n’est certes pas la panacée, et les vulgarisateur·ice·s ne sont heureusement pas les seul·e·s à lutter pour la culture scientifique et l’esprit critique. Cependant, à l’heure où nous subissons en pleine pandémie les manipulations de gourous anti-vax et où des chaines télé de grande ampleur diffusent des documentaires de désinformation sur l’IVG, il n’est pas acceptable de cracher sur celles et ceux qui participent à la diffusion de l’esprit critique.

Je ne suis pas une « nouvelle voix » s’élevant contre mes prédécéceur·e·s. Je suis nouvelle, oui, j’ai une approche différente de certain·e·s de mes collègues, oui, mais je travaille AVEC elleux et non CONTRE elleux, car pour lutter contre la désinformation nous avons besoin de tout le monde alors travaillons ensemble bretzel de merle !

Miz Pauline – La Mal Biaisée
31/08/2021